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MOUEZH BREIZH, LA VOIX DE LA NATION BRETONNE

Quel avenir pour la langue bretonne ?


Rédigé le Vendredi 17 Mai 2024 à 09:20 | Lu 8 commentaire(s)



in War Raok ! - n° 53 - Décembre 2018

Une cinquantaine d’associations œuvrant pour la défense et la promotion de la langue bretonne viennent de lancer un véritable cri d’alarme, sous forme d’une lettre ouverte, au président de la Région Bretagne (1). Ce cri d’alarme s’appuie sur les résultats d’une enquête réalisée par TMO (2). Enquête inquiétante même si elle met en évidence une certaine stabilité du nombre de brittophones, elle doit cependant prendre en compte la moyenne d’âge des locuteurs en langue bretonne. En effet, 80% des bretonnants ont plus de 60 ans et ce vieillissement induit inévitablement une diminution d’une grande partie des brittophones dans les 15 années à venir. 

Aujourd’hui, la transmission de la langue bretonne se fait essentiellement par l’enseignement (écoles, stages et cours pour adultes) et il est à déplorer que la transmission familiale reste très insuffisante (10% environ). Quant à la visibilité de la langue bretonne dans la vie quotidienne et l’espace public elle est totalement marginale voire inexistante alors que tous les sondages démontrent le fort attachement des Bretons à leur langue (73% personnes interrogées sont favorables à un enseignement accru du breton).

Aussi, pour les signataires de cette lettre ouverte, la langue bretonne est bel et bien menacée de disparition si « à l’échéance de ce siècle des moyens massifs, financiers et humains, ne sont pas engagés sans délai pour son avenir ». Rien de bien nouveau. Les efforts engagés ont toujours été insuffisants pour assurer la pérennité de la langue bretonne. L’Etat français, qui s’emploie avec acharnement à faire disparaître notre langue au nom de sa république « Une et indivisible » est parfaitement logique dans sa funeste démarche. Mais les élus des cinq départements de Bretagne, n’ont-ils pas une responsabilité importante dans la reconquête de la transmission de la langue bretonne ? Ne se rendent-ils pas complices d’un véritable génocide culturel ?

Les signataires demandent au président de la Région Bretagne un véritable plan d’urgence dès 2019, plan qui consistera à doubler le budget consacré à la langue bretonne ce qui ne représente même pas 1% du budget global. Une misère. Les acteurs de la lettre ouverte demandent que ce plan d’urgence soit mis en en place immédiatement si l’on ne veut pas voir disparaître notre langue à la fin de ce siècle. La demande reste bien faible… C’est une exigence qui s’impose !

Il n’est pas dans mon propos de mettre en doute le dévouement de ces associations pour la sauvegarde de la langue bretonne. Elles font un travail remarquable dans des conditions de plus en plus souvent surréalistes face à un Etat et une administration française hostiles comme nous pouvons le constater chaque jour : les élèves du lycée Diwan et le baccalauréat, les 18 mois de procédure judiciaire pour l’autorisation de porter le prénom breton Fañch, l’utilisation de la langue dans la vie quotidienne, ou encore l’ouverture de classes bilingues qui se concrétisent à chaque fois par un véritable combat… 

Ce que nous pouvons regretter c’est la naïveté des signataires, leur complaisance et leur indulgence envers des hommes et des femmes élus au Conseil Régional de Bretagne, tous élus et inféodés (il y a quelques exceptions) à des partis politiques français. Est-il bien nécessaire de rappeler la main mise de la gauche française sur la culture bretonne afin de mieux la neutraliser ? Quant à la droite française, parlons-en. Lorsqu’elle trônait en Bretagne, l’idée de récupération ne l’a même pas effleuré…. son mépris pour la langue bretonne étant une constante bien connue. 

Le bilan est consternant. Aucune réelle avancée pour notre langue et notre culture en général. Quand on regarde les budgets alloués en Catalogne, au Pays de Galles, en Ecosse ou encore au Pays Basque… on se prend à rêver ! (Un exemple, celui du peuple gallois, 3 millions d’habitants, qui bénéficie d’un budget de près de 170 millions d’euros pour sa culture). Mais ces nations bénéficient d’une grande liberté de gestion, d’une très large autonomie. La Bretagne est, quant à elle, toujours sous tutelle française, prisonnière d’un Etat français resté fidèle à ses deux funestes idéaux et vieux démons : le colonialisme et l’impérialisme. 

On ne pourra jamais rien résoudre en Bretagne sans une large autonomie politique, première étape pour l’avenir de notre culture, mais également pour l’avenir de la Bretagne et de son peuple, sans une Assemblée de Bretagne disposant de véritables pouvoirs et de moyens d’action, et en finir avec un Conseil Régional croupion, vassal du bon maître qui n’osera jamais entrer en confrontation avec lui. 

Les Bretons doivent sauver la langue bretonne parce que c'est leur langue, ni plus ni moins. Bien que le français l'ait détrôné, la langue bretonne demeure la langue du peuple breton car elle porte en elle la mémoire et la vision du monde et du peuple breton.

 

Mael Le Cosquer


Notes :

  1. La Région Bretagne et son Conseil sont l’émanation du pouvoir politique français. Ils ne représentent en rien la Bretagne unie, mais une Bretagne fantoche amputée d’une partie de son territoire national.    
  2. TMO est une société rennaise spécialisée dans le secteur d’activité des études de marché, des sondages, des enquêtes… 



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